Assistance Retraite

ARS Nouvelle-Aquitaine: l’activité physique en EHPAD contre les chutes

Depuis l’adoption du plan national antichute par le gouvernement en février 2022, les ARS des différentes régions multiplient les initiatives en mettant l’accent sur l’un ou l’autre des cinq axes du plan. La Nouvelle-Aquitaine, la région la plus âgée de France, a décidé de lancer un large programme de prévention des chutes grâce à l’activité physique. 

Plus de 10 000 décès chaque année dus aux chutes

Les chutes représentent la première cause de mortalité accidentelle chez les personnes âgées. Elles sont à l’origine de plus de 10 000 décès chaque année et plus de 130 000 hospitalisations. Bien que l’encadrement en EHPAD réduit considérablement les risques de chutes et que les personnes âgées à domicile y sont davantage exposées, le risque zéro n’existe pas. La prévention reste le meilleur moyen de protéger nos aînés et d’éviter les conséquences parfois dramatiques des chutes. 

Qu’est-ce que le plan antichute ?

Face à cet enjeu majeur de santé publique, le ministère en charge des Solidarités a lancé, en février 2022, un plan national antichute des personnes âgées, visant à réduire de 20 % les chutes mortelles ou invalidantes des personnes de 65 ans et plus d’ici 2024. Ce plan repose sur l’aspect essentiel de l’information et de la sensibilisation de tous les publics aux risques de chutes et à leurs conséquences: personnes âgées, professionnels, élus et société civile : “En luttant contre la banalisation des chutes, le déni ou la peur de tomber, on réduit le risque de chute et ses conséquences fatales.”

Plusieurs événements comme la semaine bleue, la semaine nationale des personnes âgées et des retraités, ou la semaine nationale de la dénutrition, offrent de nouvelles occasions de parler des causes et des conséquences des chutes, en mettant l’accent, par exemple, sur l’importance de la pratique d’une activité physique adaptée et d’une alimentation équilibrée et variée, pour prévenir la perte de masse musculaire et une diminution de force qui augmentent les risques de chutes.

Le plan antichute du gouvernement s’articule autour de cinq axes : 

  • Savoir repérer les risques de chutes et alerter 
  • Aménager son logement et sortir en toute sécurité 
  • Des aides techniques à la mobilité faites pour tous 
  • L’activité physique, meilleure arme antichute 
  • La téléassistance pour tous

Savoir repérer les risques et alerter

Sur la base du constat que les personnes âgées comme les professionnels de santé ne repèrent pas suffisamment les risques de chutes, le plan antichute propose la diffusion auprès de tous les acteurs de l’autonomie des “deux portraits-types de chuteurs, reflet de 80 % des chutes, ainsi que des cinq signes « avant-chuteurs » dans le but de permettre de repérer les personnes à risque pour leur apporter des solutions pour prévenir la chute.”

Aménager son logement et sortir en toute sécurité 

Ces dernières années, le gouvernement a entamé le “virage domiciliaire” en favorisant le maintien à domicile des personnes âgées grâce à des aides et à des aménagements ciblés. Se pose alors la question de l’adaptation du logement des personnes âgées pour diminuer les risques de chute à domicile. Le plan propose de combiner à la fois des outils de repérage pour anticiper une baisse d’autonomie et les risques d’un logement approprié avec des aides techniques spécifiques à la prévention des chutes et des aides financières pour l’adaptation du domicile comme “MaPrimeAdapt’”. Le plan prévoit également d’adapter les transports et l’environnement urbain dans le but de “faciliter les déplacements des aînés en toute sécurité”.

Des aides techniques à la mobilité faites pour tous 

Le gouvernement propose différentes mesures pour aider à la mobilité grâce à des aides techniques pertinentes, entièrement remboursées et à une prise en charge spécifique de rééducation post-hospitalisation en cas de chute. En effet, les professionnels attirent notre attention sur le fait que le risque de chute est accru lorsque la personne a déjà chuté une première fois, d’où l’importance d’une prise en charge très ciblée de ces personnes. 

L’activité physique, meilleure arme antichute 

En se basant sur les bienfaits reconnus de l’activité physique pour la prévention des chutes, le gouvernement a décidé de promouvoir l’activité physique adaptée (APA) pour les personnes âgées.  “En lien avec la ministre des Sports, il a été décidé de favoriser le recours à l’activité physique adaptée (APA) pour les personnes âgées. L’offre d’APA sera donc développée et une attention particulière sera portée sur le dépistage des besoins des personnes comme leur orientation vers des programmes d’activité physique adaptés à leur capacité.” 

La téléassistance pour tous

Pour que les personnes âgées puissent vivre à domicile, les services de téléassistance font partie des éléments essentiels à leur sécurité. 

Il est ainsi également prévu de favoriser l’accès aux services de téléassistance en réduisant le reste à charge pour la personne âgée. 

L’ARS Nouvelle-Aquitaine priorise l’activité physique adaptée pour prévenir les chutes

Les ARS sont libres de décliner ce plan selon les initiatives qu’elles souhaitent promouvoir. La Nouvelle-Aquitaine a priorisé l’axe 4 du plan national antichute :”promouvoir l’activité physique, meilleure arme antichute.” 

L’ARS Nouvelle-Aquitaine a ainsi lancé un programme antichute en EHPAD basé sur l’activité physique adaptée. 

Elle a donc lancé, en juin 2023, un appel à candidatures auprès des Ehpad de son territoire dans le but de “réduire de 20% les chutes mortelles et les séjours hospitaliers des personnes âgées de 65 ans et plus,” en ciblant plus particulièrement les Gir 3 et Gir 4, qui ont un risque de chute modéré et qui peuvent encore se déplacer. En collaboration avec l’ARS, les EHPAD porteurs du projet sont chargés d’organiser au minimum deux programmes antichute avec des exercices d’activité physique, chacun devant inclure 6 à 12 résidents maximum.  

Une diminution des chutes d’environ 28%

Selon les propos recueillis par Gerontonews, Mathieu Vergnault, enseignant en activité physique adaptée (APA) et chargé de mission sports-santé au sein de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, a précisé les modalités de ces programmes : “Nous en avons conclu que notre démarche devait s’organiser de la sorte: deux séances par semaine, d’une durée comprise entre 45 et 60 minutes, et avec au moins un jour de repos entre chaque séance, et ce pendant au moins six mois.” Avant d’ajouter : “On a remarqué que la mise en place de ce type de protocole, de structuration de programmes d’exercices d’activité physique, entraîne une diminution des chutes d’environ 28%. Et ce, peu importe le type d’activité physique.”

“Depuis le premier trimestre 2024, plus de 200 Ehpad s’investissent dans cette démarche. A raison de deux séances par semaine, soit plus de 100 sur un an, par groupes de six ou de 12, ce sont donc entre 2.000 et 4.000 résidents néo-aquitains qui auront participé à ce programme.”*

Sur la base des premiers résultats déjà constatés par le chargé de mission sur “certains indicateurs de condition physique et de santé biopsychosociale” des résidents qui ont participé à ces programmes, il est prévu d’étendre le projet avec un nouvel appel à candidatures lancé en avril pour un déploiement prévu entre 2025 et 2027 et d’évaluer l’impact du programme sur les professionnels qui interviennent en EHPAD (kinés, ergothérapeutes, psychomotriciens, enseignant en APA).

*Gerontonews

Plan national antichute