La maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique (SLA) reste à ce jour incurable. Neurodégénérative, elle attaque les neurones moteurs et crée une perte d’autonomie progressive en affectant la marche, la parole, puis la déglutition et la respiration. L’espérance de vie d’une personne atteinte de SLA est généralement de 2 à 5 ans après le diagnostic, parfois davantage. Pourtant, la recherche apporte de nouvelles pistes pour une meilleure compréhension de cette pathologie.
L’astrophysicien britannique Stephen Hawking est l’un des visages les plus connus de la maladie de Charcot. Diagnostiqué à seulement 21 ans, il présentait une forme exceptionnellement lente de la SLA, lui permettant de vivre plus de cinquante ans avec la maladie. Cependant, son cas reste exceptionnel et l’espérance de vie est généralement beaucoup plus courte. Tandis que les capacités cognitives et la compréhension sont préservées, dans la plupart des cas, la souffrance est d’autant plus grande que les malades se sentent “prisonniers de leur corps”. Pour améliorer la prise en charge, le dépistage précoce mais tester également des solutions thérapeutiques, de nombreux travaux de recherche sont menés dans le monde. Parmi les découvertes marquantes, celles d’une équipe de chercheurs américains qui se sont penchés sur les mécanismes de la forme familiale de la SLA, notamment autour du gène VAPB.
Qu’est-ce que la maladie de Charcot ?
On distingue deux grandes causes de SLA :
La forme sporadique. C’est la forme la plus courante, représentant environ 90 à 95 % des cas. Elle survient de manière spontanée, sans cause génétique identifiable ni antécédents familiaux connus. Son origine reste largement inconnue, bien que certains facteurs ont pu être mis en évidence comme une exposition prolongée à des produits toxiques ou des chocs violents.
La forme familiale (ou héréditaire). Elle concerne environ 5 à 10 % des cas. Cette forme est due à des mutations génétiques transmises au sein des familles. Plusieurs gènes peuvent être impliqués, comme SOD1, C9ORF72, TARDBP ou FUS. La forme familiale permet souvent une meilleure compréhension des mécanismes de la maladie, car les mutations identifiées fournissent des pistes pour le développement de traitements ciblés.
Vers des traitements ciblés et des outils de diagnostics plus précis
Bien qu’aucun traitement curatif de la maladie de Charcot ne soit disponible à ce jour, la recherche avance vers des traitements ciblés et des outils de diagnostic plus précis, tout en explorant de nouvelles technologies prometteuses.
Une avancée majeure a été l’approbation en 2023 de Qalsody™ (tofersen) autorisé aux États-Unis puis en Europe. Ce traitement vise à ralentir la progression de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) chez les adultes porteurs d’une mutation du gène SOD1. Cependant, en France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a refusé l’autorisation d’accès précoce de ce traitement estimant que les données cliniques ne démontraient pas de bénéfices significatifs suffisants.
Par ailleurs, des essais cliniques innovants comme celui du CHU de Nîmes ont montré qu’un traitement par interleukine-2 à faible dose réduisait de plus de 40 % le risque de décès chez les patients présentant un biomarqueur spécifique.
Une équipe de l’Inserm et Sorbonne Université a également mis en évidence, grâce à l’électroencéphalographie, des ondes cérébrales anormales qui pourraient servir de support diagnostic et même conduire à de nouvelles cibles thérapeutiques.
Récemment, des chercheurs américains dont les travaux ont été publiés dans la revue EMBO Molecular Medicine, se sont penchés sur les mécanismes de la forme familiale de la SLA, notamment autour du gène VAPB. Ils ont découvert que certaines mutations perturbent la communication cellulaire, entraînant une activation continue du système d’alerte de la cellule et la destruction progressive des motoneurones. Une molécule bloquant cette hyperactivation a permis de restaurer certaines fonctions motrices dans des modèles cellulaires. Ces résultats, bien que préliminaires, offrent une piste d’approche plus ciblée, susceptible de profiter également aux formes sporadiques.
Intelligence artificielle et avancées méthodologique au service du diagnostic
Comme dans de nombreux domaines, l’utilisation des outils d’intelligence artificielle permet d’accélérer le diagnostic et la découverte de molécules, avec un potentiel de gain de plusieurs décennies dans la recherche.
De plus, certaines avancées méthodologiques prometteuses émergent avec des travaux sur les biomarqueurs comme la neurofilament light (NfL), qui permettent de mieux prédire la progression de la maladie et d’analyser de manière plus précise les variations selon les patients. Des modèles statistiques sophistiqués permettent désormais d’estimer le moment auquel certaines fonctions comme parler, marcher ou respirer pourraient se détériorer.
Ainsi, la maladie de Charcot demeure aujourd’hui une pathologie grave et incurable, mais les progrès scientifiques récents ouvrent de nouvelles perspectives. Les traitements ciblés, les approches génétiques, l’exploration de biomarqueurs ou encore l’apport de l’intelligence artificielle témoignent d’une dynamique de recherche sans précédent. Si ces avancées ne constituent pas encore un remède, elles nourrissent l’espoir de ralentir la progression de la maladie, d’améliorer le diagnostic précoce et d’offrir aux patients une meilleure qualité de vie.




